• Sans prétention monsieur Zola

        Le tunnel avançait ....
       Je fermais les yeux pour ne pas être aspiré, non pas par l'ombre, mais par ce point blanc tout au bout où se distinguait un attelage minuscule tiré par deux énormes chevaux...
       Pourquoi me suis-je penché à la fenêtre à ce moment, je ne sais pas, mais j'ai vu cet instant m'interpeller avant de me replier et fermer les yeux, j'avais compris que la mort avançait aussi vite que le train.
       Tout s'accélérait, la vapeur de la machine passait sous mes yeux et mon voisin, plongé dans un lourd sommeil, ne s'apercevait de rien. Le train continuait sa voie, crachant, soufflant sa fumée épaisse emplie d'escarbilles.
       Je fermais les yeux pour attendre, mais attendre, quoi ? Un choc suivit d'un immense fracas ? La mort ?
       Que faire, je secouais le passager et le mis au courant.
       Déjà trop tard pour sauter avant le tunnel, nous attendîmes la sortie sur le marche pieds du compartiment, l'attelage toujours bloqué, son cocher fouettant et hurlant ne pouvant plus désormais éviter l'accident.
       Le tunnel nous aspira... La sortie, le saut, un choc... Le train freinant bruyamment sembla se cabrer avant de heurter l'attelage et dérailler.
       Nous avions l'air indemnes en tous les cas en vie ! À ma surprise, nous étions les seuls à avoir anticipé la catastrophe ! Je ne vis personne ayant sauté à part les mécaniciens. Impossible pour eux de communiquer l'alerte depuis la machine, et ce fut un choc terrible, je pus voir les chevaux propulsés en l'air malgré leurs poids, la machine dérailler sous le choc de la lourde cargaison, sans doute un carrier transportant des blocs de marbre. 
       Des cris, des plaintes surgirent des wagons éventrés, des gens s'extrayaient du amas des tôles, d'autre appelaient, hurlaient, l'apocalypse était bien au rendez-vous à la sortie de ce fichu tunnel !  
     
     
     
     
    « La faucheuse n'attend pas la fenaison... »
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