• Paul et moi...

       Paul et moi nous nous connaissons depuis ma plus tendre enfance, nous avons eu ensemble des joies, des peines bien sur mais sommes toujours restés attachés l'un à l'autre.
       Je me souviens encore nos premières sorties où nous n'en menions pas large, comme c'était moi qui apparemment était le meneur, je lui transmettais la confiance ou le doute, lourdes responsabilité. J'en étais conscient et le dirigeais à ma guise, super pour un ados, non?
       Pendant des années il en fut ainsi et cela se passa plus ou moins bien, ma sensibilité extrême me jouant souvent des tours, et lui, dépendant de moi m'en fit souvent le reproche. "Pourquoi m'a t'on collé à toi ce n'est pas facile tu sais". Je le savais mais la nature est ainsi faite.
       Alors que mes relations étaient toutes empreintes d'estime à mon égard, moi seul ne m'estimait pas, je savais que quelqu'un me jugeait et riait par moment sournoisement de mes succès en société. Cela engendra une méfiance envers Paul, combien de fois voulus je le quitter, men séparer, l'abandonner mais à chaque fois un sentiment de lâcheté m'en empêchait. Que ferais je sans lui, impossible, donc nous sommes toujours là, rivés l'un à l'autre comme deux Siamois qui tirent chacun son boulet.
       En est on venu à se détester? Non, du tout, car avec le temps les moments glorieux, car il y en a eu, ont pris le dessus sur les autres. On se souvient toujours plus des moments heureux que des déprimes ou des échecs et Paul est comme moi. Maintenant les chose ont changées, nous avons vieillis bien sur, nos souvenirs nous font mal et repenser à tout cela est douloureux. Vieillir, ne plus suivre ses envies jusqu'au bout, d'ailleurs les ignorer carrément pour éviter de se flageller l'esprit est mieux.
       Lui n'a pas résisté, il est dans son coin ressentant mes pensées et ne réagissant même plus à mes idées encore folles mais stériles.
       Alors, d'un haussement du col, Paul s'en est aller... 
    « Pourquoi luiLes, plutôt des mots »
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